Promenade sous la pluie
Au final, venant de Belgique, la pluie de m’arrête pas. C’est clair que l’on souhaite voyager sous un temps magnifique et un ciel bleu constant, allé avec quelques beaux petits nuages pour avoir les plus belles photos mais j’aime voir ce côté aussi d’un endroit où je vais. Simplement parce que cela apporte un autre charme.
Les montagnes fumantes, le sol blanc de la Stradun miroitant, il a beaucoup moins de monde aussi. Idéal pour quelques photos sans personne dessus. Cela nous permet aussi de découvrir des échoppes lorsque l’on tente de se protéger de la grosse averse. Bref, toujours parée aussi bien pour la pluie que pour le beau temps.
En ce jour de pluie, il n’y a pas un seul moment de répit face au temps. Le ciel en larmes, pas moyen de le consoler. Du coup, quand ma hôte me demanda mon programme pour la journée et bien… Aucune idée, je lui ai répondu que je verrais. Finalement, après avoir passé la vieille bâtisse abandonnée de hier, je prend le premier escalier montant, vers l’infini et au delà.
Je passe devant un cimetière dont la sculpture à l’entrée attire mon regard. Ciel sombre et pluie diluvienne, un temps parfait pour une balade dans un cimetière. Je découvre des caveaux et des sépultures datant de plus de 2 siècles.
Après en avoir fait le tour, je poursuis mon chemin sans vraiment savoir où je vais. Jusqu’à ce que j’arrive dans un parc avec une plongeante du fort, parc Bogišićev. Il a été érigé au début du XXe et dédié au célèbre scientifique Balthazar Bogisic. Sublime !
Dubrovnik possède une odeur enivrante de jasmin, c’est l’une des plantes, que dis je, d’arbre que l’on retrouve partout. Et dans ce parc, je ne retrouve que des arbres bien fleuris. Ainsi, avec cette pluie, il y a un mélange d’odeur de sous-bois et de jasmin qui étonnamment est assez agréable.
En sortant du parc, je continue sur ma droite où je trouve un escalier interminable qui me permets de redescendre vers la ville et contourner depuis l’extérieur les remparts. Par ailleurs, tout aussi impressionnant de ce côté !
J’entre dans la vieille Dubrovnik par la 2e porte, Ploče, celle là même de mon arrivée, proche du vieux port. Elle est surplombée par tour Assimov et en y entrant déjà le premier jour, une multitude de voix dans ma tête répétaient sans cesse « shame, shame, shame »! En écoutant aujourd’hui une guide expliquant aux touristes que c’était ici la scène où Cersey nue expiait ses fautes, j’ai enfin compris pourquoi en passant dans cette ruelle, ces voix faisaient échos dans ma tête !
Je me pose sous un abri mangeant mes tartines sans gluten acheté dans une supérette plus tôt, en attendant que la grosse averse passe et peut être aussi pour m’imprégner de l’endroit.
Derrière moi se trouve le couvent Dominicain fondé au XIIe siècle, du style gothique mais terminée deux siècles plus tard. Je découvre l’intérieur et son cloître construit plutôt dans le style renaissance. L’entrée revient à 30 kn. Ceci dit, petite note, si vous avez envie de visiter plusieurs musées, sachez qu’il existe un ticket global pour tous les musées et bien d’autres qui devient intéressant, cela s’appelle le Dubrovnik card pour 1, 3 et 7 jours, un coût allant de 250 à 350 kuna (1€ équivaut à approximativement 7.5 kn).
Le cœur historique de Dubrovnik est assez riche en monuments historiques édifiés entre le 11e et le 16e siècle. La ville comptait pas loin de 10 monastères et 42 églises dont une majorité est encore en bon état. Il faut savoir que la pierre utilisée pour la construction, surtout les pavés est fait de pierre blanche de Brač, une île proche de Split dans le nord. Je continue ma balade sous la pluie, jusqu’à la place où se trouve le palais des recteurs. Je prend un expresso pour me réchauffer et quelque chose attire longuement mon regard. Une statue, plus précisément ce qui se trouve sous cette statue. Des dragons ??
Le ciel me donne un peu de répit afin que je puisse monter le fameux escalier qui mène à la cathédrale. J’attends paisiblement que ma vue se dégage du monde qui stagne devant la porte. J’avoue qu’il faut être patient pour avoir une photo nette et sans personne, parfois c’est juste un créneau de quelques secondes. Il faut analyser, déjà trouver sa position et son cadrage. Et même là ! Ce n’est pas évident et comme par hasard c’est l’appareil qui se coupe automatiquement. Coupez, on recommence !
La cathédrale de Dubrovnik, cette version-ci date du XIIIe siècle. La précédente romane fut total détruite lors du séisme. La légende raconte qu’elle était ornée de statues sur son dôme et qu’elle fut construite grâce aux dons de Richard Cœur de Lion après la 3e croisade, survécu au naufrage près de Lokrum, l’île en face de la ville.
J’erre dans les ruelles, montant et redescendant au gré de la beauté de ses rues étroites, fleuries ou meurtries par le temps. Je me suis quand même dit que si le temps sera pareil demain, il va falloir trouver quelque chose d’intéressant à faire avec. Bateau ?
Je m’arrête chez David qui propose pour 350 kn, le tour des 3 îles les plus proches de Lapad ( le nord de Dubrovnik) avec boissons, lunch et récupération à l’hôtel compris. Je discute un peu avec lui, il me parle de la guerre, présente encore dans l’esprit du peuple, on a souvenir de la date de 1991 mais cette guerre aura duré 5 ans, entre 90 et 95. 91 étant le grand raid qui ravagea la ville. Le stand de David se trouve en face du grand et luxueux grand hôtel impérial. Il me raconte que lors de ce raid, l’hôtel a ouvert ses portes afin que tout les gens des alentours puissent se réfugier dans les sous-sols de l’hôtel.
Le siège de Dubrovnik, on dit que les remparts ont réellement servis et protégé pour la première fois le peuple qu’au moment du siège de Dubrovnik de 91-92. Au cours des siècles, Dubrovnik s’est souvent placé sous la protection d’une autre nation, sultan ou d’un empire.
En 1481, du sultan ottoman. 1684, des Hasbourgs. Pour contrer Venise, Dubrovnik remet un bout du littoral à la Bosnie. 1815, Dubrovnik se lie à l’empire austro- hongrois. 1848, un sentiment de nationalisme se réveille chez les croates.
Quelques années plus tard, déclenchement de la première guerre mondial par un serbe lors d’un attentat. La Yougoslavie, d’après l’histoire se crée en 1915, par l’union des hommes politiques serbes, croates et slovènes. Plus tard, la Croatie perd du territoire lors d’un traité. 1945, elle devient un état fédéré de la Yougoslavie. 1971, réclamation d’un état plus autonome. 1991, suite à la proclamation de l’indépendance de la Croatie. Les serbes sont soutenus par la Yougoslavie, une partie de pays tombera sous la main des serbes en bombardent la Croatie dans cette guerre qui dura près de 5 ans. Dés le début de la 2e année de guerre, les frappes se concentrèrent sur la vieille ville de Dubrovnik tentant de la faire tomber.
Aujourd’hui , les croates ont si bien rénové la ville qu’on ne voit quasi pas de trace de ce grand évènement troublant. Mais cette guerre reste encore assez fraîche dans l’esprit des croates. Un musée y est dédié. La fin de journée s’approche, trempée après avoir explorée la ville malgré mon imperméable. Je vais manger et m’écrouler. Demain une longue journée m’attend,
A demain
Vôtre dévouée,