Entre rêve et réalité, mon ascension au sommet d’Afrique du Nord
Avez-vous déjà rêvé de toucher le ciel ? Moi, je l’ai fait en tentant l’ascension du Mont Toubkal ! 4167 mètres d’altitude, un défi à relever. Mon ascension du Toubkal a été bien plus qu’une simple randonnée : c’est une aventure qui a repoussé mes limites.
Jour 1 : Atterrissage
Arrivés à Marrakech tard le soir, nous rejoignons notre logement à 15 min de l’aéroport après avoir récupéré la voiture de location. Nous avons à peine le temps de manger, nous nous écroulons d’une traite, tard.
Sachant que dans quelques heures nous allons grimper au sommet du Maroc. Le mont Djebel Toubkal à 4167m d’altitude dans la chaîne de l’Atlas. Le point culminant d’Afrique du Nord.
Jour 2 : Immersion dans l’Atlas
Le réveil sera rude ! Nous avons rendez vous à 10h avec un guide d’Imlil qui se trouve à 1h30 de Marrakech. Évidemment nous serons en retard. Le temps de se réveiller et de manger. Bien en retard d’ailleurs, puisque nous débarquons peu avant midi. Sur la route, nous constatons les ravages du dernier tremblement de terre.
On récupère notre guide au centre d’Imlil, le petit village au pied du mont à 1740m d’altitude dans le Haut-Atlas. Nous nous arrêtons dans un parking surveillé proche du point de départ de la randonnée. Il faut savoir que nous ne pouvons pas monter sans un guide. C’est la règle et vous comprendrez plus tard pourquoi! On s’apprête. Équipement de randonnée, sac, eau, chaussures et bâtons de marche. Nous laissons le reste des affaires dans la voiture et nous démarrons. Nous avons 2 jours de marche avec un point à atteindre, un refuge à 3207m d’altitude pour la nuit.
Nous voilà au pied du majestueux Toubkal. Le sentier, bien tracé, serpente à travers une végétation peu luxuriante. Nous nous arrêtons une première fois à un point de contrôle où nous devons montrer nos passeports. Ça ne rigole pas!
Nous quittons Imlil, baigné de lumière. La chaleur commence déjà à se faire sentir, mais l’air est sec et respirable. Le sentier, bordé de murets en pierres sèches, s’élève progressivement. Les paysages sont à couper le souffle : des vallées verdoyantes, des villages accrochés aux falaises, et au loin, les cimes du Toubkal qui semblent nous narguer.
Nous faisons une halte dans le premier village en bordure de rivière, la faim nous gagne. Nous nous installons. On nous conte que le tribunal des djinns se trouve ici.
Reprise de l’ascension. Chaque pas nous rapproche un peu plus du ciel. La montée est progressive, mais régulière. Nous traversons de petits villages où les habitants nous accueillent avec des sourires chaleureux nous donnant accès à des wc, boissons fraîches et autres bibelots.
La montée est rythmée par les rencontres avec les bergers et leurs troupeaux. Les flans de montagnes se succèdent, la neige a disparu donnant ainsi naissance aux fleurs des montagnes. Teintés de jaune, mauve et autre couleurs de fleurs de rocaille. Entre les 2 racines de montagnes une rivière s’écoule, c’est le seul bruit accompagnant les chants des oiseaux.
L’ascension continue, on est de plus en plus fatigués, mais la route reste encore assez bien praticable. Au plus nous montons, au plus la fraîcheur d’une brise nous parviens.
A un ou deux kilomètres de la fin, mon corps épuisé, les douleurs ont commencé à se réveiller. Ma jambe droite a du mal. A chaque pas, j’ai peur de me fouler une cheville, mon dos pulse de douleur. Je crains que le nerf sciatique se réveille. Le panorama a couper le souffle, m’anesthésie.
Je vois une maison, en tout cas de loin ça y paraît ou peut être est ce un mirage. Je ne sais pas. Au plus on se rapproche, au plus j’y crois, le guide le confirme ! Quel bonheur de voir au loin, après ces 14 km ce qui ressemble à un refuge. Enfin arrivés! A une petite heure du couché du soleil, nous atteignons le refuge. les montagnes s’étendent à perte de vue, baignées dans une lumière dorée.
Nous nous reposons et nous mangeons un tajine. Le refuge est très sommaire et sans chauffage. Nous avons pris des chambres privées pour 800 DRH, les douches et les WC sont partagés. Notre guide reste avec nous. Il fait super frais. Vous trouverez ici le lien du refuge.
Jour 3 : Vers les sommets
Après une nuit rude et fraiche, on se lève à 4h du matin pour continuer notre ascension, laissant une partie de nos affaires au refuge. Il reste 4km sur un dénivelé extrêmement important. Lampe torche sur le front, nous espérons arriver au sommet avant l’aube. Le trajet devient de plus en plus complexe, glissant et le froid gagne nos extrémités. On avance péniblement. Le ciel s’éclaircit à mesure de cette extrême ascension, on se motive malgré le froid. On veille les uns sur les autres et on s’entre – aide.
Le froid se fait de plus en plus intense sur nos extrémités. Je tente de me rappeler toutes les vidéos et articles que j’ai lu sur l’ascension et d’aucun ne parlait de la difficulté et de ce froid mordant. Malgré les préparations que nous avions. Les randonnées, le sport intensif pratiqué tel que le Cross ou du HIT ne nous prépare à ce que nous occupés à monter.
Reste 2 km nous dit le guide, je suis complétement gelée. Mon corps refuse d’avancer mais je force encore et encore. J’ai difficile à reprendre ma respiration, je m’arrête debout de plus en plus fréquemment. Je sais que si je m’assieds, je ne pourrais plus me lever. Il n’y a plus que le mental d’acier pour avancer, mon corps m’abandonne. Je me répète comme une litanie, je vais y arriver, je vais m’en sortir, je vais jusqu’au bout même si une petite voix lointaine en moi me dit d’arrêter. NON! Je ne peux pas, pas maintenant. Le soleil est levé depuis un moment.
Ma lueur d’espoir d’être arrivée est le rayon de soleil que je vois au loin se refléter sur la paroi de la montagne. Je me dis enfin, allé, il ne reste que quelques pas encore.
Mais c’est un leurre. Ce n’est pas le sommet! Je réalise qu’il y a une encore une montée que nous sommes pas arrivés au sommet. Le guide me dit qu’il reste une heure au moins de marche. Non ! Mon corps refuse même si mon esprit me dicte d’y aller. Je pense à la descente d’une traite de 20 km. Je n’y arriverais pas. A cette altitude, boire ou manger depuis une épreuve en soi, l’essoufflement fait qu’il faut boire à toute petite gorgée. Un sentiment d’épuisement profond envahit tout le corps, chaque mouvement demandant un effort surhumain. L’altitude après cet effort donne une migraine atroce.
Je suis contrainte d’interrompre mon ascension, à 4000m d’altitude, les derniers 162m avec un dénivelé encore moins évident ne me sont plus du tout accessible. Mes doigts et mes orteils, engourdis par le froid, ne me répondent plus. Mes lèvres, d’un bleu livide, trahissent mon corps en détresse. Le panorama, à cette altitude, est à couper le souffle, mais le vent glacial me cloue sur place . je ne peux même pas m’asseoir, de peur de me refroidir davantage. On est transpirants et qu’il faut impérativement rester en mouvement. Deux de mes compagnons, plus aguerris, poursuivent leur ascension. Le guide passe un message à un autre afin de prévenir les amis que je ne sais plus monter et qu’on va redescendre. Au bout d’un moment, quand mes jambes cessent de trembler, je fais signe au guide que je suis prête à redescendre. Christophe, mon binôme, lui aussi éprouvé par l’effort, m’accompagne dans la descente.
On reprend la route avec la sensation que je vais perdre mes doigts et mes orteils malgré les gants. Mais le changement de position des jambes pour la descente me semble plus facile, me soulage même. Je descend plus rapidement. Au bout de quelques heures ( je n’ai même plus la notion du temps) On arrive enfin au refuge mais nos amis ne sont toujours pas présents.
On se repose en attendant le retour de nos camarades mais aucune nouvelle nous parvient et nous inquiète. Une heure passe puis deux. On a prévu de retourner à imlil aujourd’hui, il est temps qu’on y aille.
Le guide nous avertit qu’ils vont descendre plus bas car le guide qui les a récupéré faisait un autre chemin. C’est qui est bien le cas, je les vois au loin. Ils emballent leurs affaires et on reprend la route.
Nous descendons les 14 km assez vite mais la fatigue nous gagne de plus en plus avec des jambes bien courbaturés de la veille et de ce matin. Cela devient vraiment pénible.
La majestuosité du paysage nous envoûte, même épuisés! Les garçons nous raconte qu’ils ont été dévié de leur trajet par un guide qu’ils ont suivi et qu’il les a amené vers un avion qui heurté le mont Tibherine dans les années 70 malgré les versions diverses qu’on a entendu, c’est un avion-cargo qui s’est crashé ici mais on ne sait pour quelle raison réellement. Vous trouverez ici un article.
Nous avons pris un logement sur Imlil, afin de nous reposer. Place aux vraies vacances maintenant !
A très vite,
Votre dévouée Ninve.
Je vous poste quelques photos supplémentaires:
1e journée d’ascension:
2e journée:
Notre arrivée à l’hôtel